Le
Théâtre en clair-obscur
par
Bruno Stéphane Chambon
En 1639, le peintre Rembrandt a acquis une grande notoriété
et s’installe avec son épouse Saskia, dans une maison bourgeoise de
Jodenbreestraat, rue située dans le quartier juif d’Amsterdam. Décision
certainement liée à la révélation de la véritable origine de son père, Hermann
Gerritszoon, [riche meunier sur le Rhin,] qui était en fait de naissance hébraïque. Suite à cette
découverte, l’artiste a laissé un manuscrit relatant son cheminement
intellectuel et mystique. Ce document fut traduit en 1948 par Raoul Mourgues, poète
catholique et ami d’Israël, sous le titre : « Rembrandt Kabbaliste »[(Edition « A la Braconnière » Neuchâtel en Suisse)]. Céline Duhamel, actrice à la riche
carrière, [dont l’interprétation de Madame de Rosemonde dans les Liaisons dangereuses de Choderlos de
Laclos, et grande voix du spectacle de La
Nuit aux Invalides en compagnie d’André Dussolier et Jean Piat,] s’est emparé avec passion de ce texte pour l’adapter au
théâtre. Elle interprète le rôle de la servante…ou dernière compagne. Telle un
coryphée, elle assiste et commente cette autobiographie sous forme de
confession. Tour à tour sont évoqués ses renoncements, ses révoltes et ses engagements,
plus encore ses relations parfois houleuses avec les bourgeois de Flandres, la
provocation et les scandales liés à sa vie privée mais aussi et surtout la
réminiscence de toute son œuvre avec une prédominance pour sa propre vision
christique. Rembrandt est interprété par Patrick Floersheim, acteur et expert du
doublage des plus grands acteurs américain. Il utilise sa voix avec toutes les
variantes du violoncelle dans un jeu d’une rare intériorité, avec une approche quasi
janséniste de cette partition théâtrale.
Cette pièce qui dure une heure un quart n’est pas élitiste,
mais exige de la part du spectateur une implication dans cette dernière prière.
De même, dans un souci d’une meilleure compréhension, une approche au préalable
de l’histoire du peintre et de ses œuvres serait à recommander.
On se souviendra longtemps de la scène où l’actrice se dévêt
de sa longue robe pour apparaître dans une tunique blanche, image de la femme, la
mère, la concubine mais aussi l’ange qui aide le Maître du clair-obscur à
franchir le dernier grand passage après avoir réalisé en fin de vie la longue
série de ses autoportraits.
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